Le réflexe atavique de toute organisation face à une idée : la protéger à tout prix et ne pas en parler tant qu’elle n’est pas aboutie !
Et si c’était la mauvaise façon de procéder. Regards croisés…
Brevets, propriété intellectuelle, modèles, dessins. Autant d’outils pour sécuriser ses créations. Et autant de coûts et de temps pour parfois peu de gains. DECATHLON a d’ailleurs une devise sur le sujet : « avoir 15 minutes d’avance sur son concurrent« . Édifiant…
L’innovation horizontale
Fermer la gestion de l’innovation à l’entreprise seule peut mener à rater certains bénéfices, véritables sources de croissance.
A côté de l’open innovation, qui consiste à entreprendre avec les startups ou les PME, il existe une approche plus ouverte de la créativité : l’innovation horizontale ou le transfert systématique de la connaissance et de la technologie d’un secteur vers un autre.
Selon Naomi Climer (IET, Institute of Engineering and Technology), lorsque des innovations sont introduites sur un marché, la créativité n’est pas pleinement utilisée dans l’ensemble des secteurs, il n’y a pas de transfert systématique entre les secteurs. La créativité reste verticalement cloisonnée, empêchant la pleine exploitation de la nouveauté.
Un manque criant de partage de la Connaissance
Le secret est culturel, et inscrit depuis longtemps dans notre histoire. Ne dit-on pas « diviser pour mieux régner » ?
En son temps, l’équipe SONY de Naomi Climer a étudié comment leurs technologies étaient réutilisées par d’autres secteurs, pour amener des innovations aussi bien dans la sécurité, la santé ou encore le cinéma.
« Les innovations commerciales et business ont commencé à fusionner avec le savoir-faire et les tendances de l’électronique grand public afin d’orienter la technologie dans de nouvelles directions […]. Les innovations à destination des entreprises et des consommateurs se rapprochent et aboutissent à quelque chose d’incroyablement puissant et novateur. Mais nous devons créer encore plus d’opportunités de partager nos idées. »
L’impact de l’innovation horizontale sur le sport automobile
L’IET (163 000 membres dans 127 pays) travaille avec l’association MIA (sport automobile britannique) à sensibiliser sur l’innovation horizontale. L’objectif est de développer une approche systématique de l’exploitation de l’innovation et du savoir au travers de tous les secteurs. Des évènements et des communautés en ligne sont lancés, encourageant tous les individus à s’investir et à partager des idées.
Chris Aylett, président de la MIA, insiste sur l’impact positif du transfert des innovations entre les acteurs de son secteur. Une large part de la créativité dans le sport automobile n’est pas basée sur la recherche fondamentale. Au contraire, les ingénieurs reprennent les idées des concurrents, ou des autres disciplines, pour rapidement mettre au point des solutions performantes.
Ici, tout est affaire de rapidité dans l’exécution. Et personne n’a le temps de se perdre en procès et autres combats vains pour copie : la compétition revient chaque week-end et il faut être le meilleur pour gagner !
S’emparer de l’innovation horizontale
Les entreprises d’un secteur doivent prendre conscience des bénéfices qu’elles peuvent tirer de discussions avec les experts d’autres industries. Les dirigeants de tout secteur doivent comprendre l’importance de l’innovation horizontale. A titre d’exemple, il existe de vraies synergies possibles entre les industries de la santé et de l’aérospatiale (densité osseuse, sport et apesanteur, nutrition, etc.)
L’IET veut juste « faire en sorte que les conversations intersectorielles aient lieu. L’innovation horizontale est un moyen à faible coût pour créer des solutions d’entreprise dont l’impact peut être très important. […] C’est une discussion de cadres dirigeants, mais c’est une conversation qui doit être poussée à les niveaux dans différents secteurs et entreprises. Un rendez-vous important sur l’innovation horizontale doit avoir lieu maintenant à tous les niveaux de l’entreprise. »
be Innovant 