L’aventure d’une entreprise est avant tout humaine. Si les créateurs apportent expérience, compétence et financement, ils viennent aussi avec leur personnalité et leurs envies. Et celles-ci ne sont pas toujours compatibles avec la vie de l’entreprise…
La place du Chef
Comme dans le sport, il faut un capitaine d’équipe, une personnalité forte qui porte la vision de l’entreprise et la communique à l’extérieur comme à l’intérieur. Deux écueils se présentent souvent : plusieurs chefs ou une absence de leadership.
Une des solutions pour éviter le conflit est de répartir les rôles selon les affinités de chacun et ses compétences. Mieux, une définition de périmètres étanches (marketing, finance, technique, production, etc.) assortie de l’autonomie de décision résout souvent les conflits d’intérêt. Pour chaque domaine, il est possible de définir qui décide et qui est consulté.
Ceux qui travaillent, et les autres…
L’implication de chacun est différente. D’abord parce que les actions à mener ne demandent pas le même travail ni le même temps pour porter leurs fruits. Ensuite parce que chacun a ses propres capacités et ses modes de fonctionnement. Enfin, chaque phase d’un projet mobilise plus certains acteurs et moins d’autres. Le vrai risque pour l’équipe vient de la perception de chacun du travail fourni et de la capacité à gérer ensemble les problèmes qui se posent.
Encore une fois, la répartition des rôles est une bonne solution. La fixation d’objectifs, le suivi de tableaux de bord ou les réunions d’avancement permettent de dépassionner les débats et de faire un état des lieux objectif du travail effectué. Après tout, une entreprise n’est qu’un grand projet, juste un peu plus complexe. Il ne faut pas non plus négliger la communication qui cimente l’équipe en partageant les difficultés.
La répartition du capital
Les parts du capital ne posent pas de problème lorsqu’elles sont issues d’un apport en numéraire. Une juste valorisation de la société, basée sur les méthodes comptables, dépassionne les débats. Le vrai risque de mésentente vient lorsque la valorisation prend en compte un apport en industrie ou un futur travail de l’associé entrant. Pire, une répartition initiale faite sur des postulats subjectifs décidés en amont de la création va, en cas de difficultés, créer des frustrations et des tensions.
Il n’y a pas de solutions miracles ou de recettes magiques pour éviter ces conflits. Seule une répartition basée sur des faits objectifs (montant apporté, heures de travail valorisées, atteintes d’objectifs chiffrés et datés) permet à chacun de se positionner. Une définition des règles soit en amont, soit en cours d’activité, donne un cadre que tous connaissent. Cette définition doit bien sûr faire l’objet d’un consensus et s’imposer aux nouveaux entrants.
Priorités et motivations personnelles divergentes
Nous ne créons pas ou ne participons pas à une aventure entrepreneuriale avec les mêmes motivations. Appât du gain, recherche de célébrité ou de reconnaissance, partage d’une aventure humaine, envie de changer le monde ou de quitter le salariat : chacun a ses raisons. Tôt ou tard, des décisions seront prises en fonction de ces motivations profondes. Un manque d’alignement entre l’orientation de l’entreprise et les volontés de chacun va créer des tensions pouvant mener à la rupture.
L’important est d’avoir conscience de ce qui fait sauter le pas et du pourquoi de la présence des autres associés. Bien choisir ses associés dès le départ et connaître les raisons de leur venue est une étape primordiale. La communication et le partage des décisions est aussi une bonne façon de conserver la cohésion de l’équipe dirigeante et la cohérence de l’entreprise.
Le manque de communication
Comme dans un couple, entendre, écouter et échanger sont le ciment de toute association. Les non-dits, les petites rancoeurs, ressortent un jour ou l’autre et créent de véritables séismes.
Tout dépend des personnalités. Mais il est primordial de garder dans la semaine un temps pour parler entre associés des choses qui fâchent et des moyens de les résoudre. Un peu à la manière d’un groupe de parole chez le psy…
Le poids des proches
Les conjoints, la famille ou les amis sont des perturbateurs en puissance absolument impossibles à maîtriser. Éléments extérieurs à l’entreprise, les liens totalement subjectifs comme l’amour et l’amitié qui les relient aux associés leur permettent d’influencer facilement les décisions que chacun est amener à prendre.
Pour les conjoints, il peut parfois être utile de les rencontrer en amont de l’entrée au capital pour comprendre leur motivation dans une aventure entrepreneuriale. Chaque associé doit aussi s’assurer de la position de sa famille avant de s’engager. Les statistiques ne sont pas favorables : 50% des couples divorcent et les aléas de l’entreprise vont apporter leur lot de tensions dans le couple !
Conclusion
Il n’y a pas plus belle et difficile aventure que de créer une entreprise. Et il n’y a pire façon de se fâcher avec ses meilleurs amis que de les associer à un tel challenge, surtout quand les difficultés s’accumulent. Alors choisissez bien vos coéquipiers et définissez le plus tôt possible les règles du jeu. Car, après tout, c’est votre aventure et vous êtes libres de choisir vos propres modes de fonctionnement. Ne vous rejoindront que ceux qui adhèrent à ces règles…