Si les générations précédentes pouvaient transmettre leurs biens mobiliers, il est impossible aujourd’hui d’espérer utiliser un appareil plus de dix ans. Et encore !
Les constructeurs usent depuis des dizaines d’années de techniques malines pour causer des défaillances irréparables et nous obliger à renouveler nos équipements.
A noter : depuis la loi n° 2015-992 du 17 août 2015, l’obsolescence programmée constitue un délit, défini par l’article L. 441-2 du Code de la consommation comme « le recours à des techniques par lesquelles le responsable de la mise sur le marché d’un produit vise à en réduire délibérément la durée de vie pour en augmenter le taux de remplacement ».
Ce délit est puni de deux ans d’emprisonnement et d’une amende de 300 000 € selon l’article L. 454-6 du Code de la consommation.
Petit panorama de ces méthodes…
L’impossible de remplacer les pièces d’usure
Quelques exemples :
- une batterie non amovible
- une ampoule irremplaçable
- un câble d’alimentation plus distribué
Si le composant cède, c’est tout l’ensemble de l’appareil qu’il faut jeter. Et les réparateurs sont souvent sans solution, faute de pièces détachées.
A noter : face aux grandes marques qui ont cette pratique, Apple par ex., des communautés de bricoleurs se mobilisent sur la toile (iFixIt). Leurs sites internet peuvent être une mine de solutions.
L’incompatibilité
A chaque nouvelle technologie, son écosystème. Et avec lui, l’absence de compatibilité. Chaque marque développe ses propres standards et fait en sorte qu’ils ne soient utilisables par ses concurrents. L’avantage : embrigader ses clients et éviter tout déplacement vers une autre marque qui obligerait à tout remplacer !
Quelques exemples d’incompatibilité :
- Le câble SONY iLink d’un lecteur DVD est incompatible avec une prise du type USB
- Les disques durs formatés pour des ordinateurs Apple ne fonctionnent le plus souvent pas sur des ordinateurs Windows
- Les DVD de pays situés dans une zone géographique hors de l’Europe (Asie, Afrique, États-Unis) sont illisibles sur nos appareils européens
- Les jeux vidéos PlayStation 3 ne sont pas compatibles avec la PlayStation 4
- Les applications Apple Store non compatibles Android
La date limite de consommation
Qui n’a pas jeté docilement un yaourt à la poubelle parce que sa date de péremption était dépassée ? Certains fabricants de produits laitiers, sous prétexte de ne prendre aucun risque pour la santé, avancent la date de péremption de leurs produits de plusieurs semaines. Un bon moyen, légal et sécuritaire, d’inciter à la rotation des stocks et de forcer les ventes.
Il ne faut pas confondre :
- la date limite de consommation, pour les produits rapidement périssables
- la date limite d’utilisation optimale, qui est une simple indication
A noter : les conserves, le sucre, le riz, les pâtes ou les légumes secs n’ont pas de limite de conservation. Qui s’est déjà régalé de sardines à l’huile de 25 ans d’âge ?
Les pièces détachées plus chères que l’appareil complet
Lorsqu’un appareil tombe en panne, le premier réflexe est de remplacer la pièce incriminée. Seulement voilà, quelques années à peine après l’achat de l’appareil, ses pièces détachées, lorsqu’elles existent encore, coûtent trop (très) cher.
À quoi bon remplacer la carte graphique d’un ordinateur si celle-ci coûte le prix d’un ordinateur neuf ? Juste pour anecdote, concevoir une voiture à partir de ses pièces détachées revient 4 à 5 fois le prix du neuf.
A noter : une proposition de loi est actuellement à l’étude pour trouver une solution à cet épineux problème (Pièces occasion automobile)
L’obsolescence fonctionnelle
Les associations de consommateurs pointent souvent du doigt le remplacement d’un appareil justifié par une « innovation technologique ».
Voici quelques améliorations qui, finalement, n’impactent pas franchement l’utilisation du produit :
- Changer de téléphone, tablette ou de lave-linge pour bénéficier de la dernière version technique alors que le système d’exploitation n’a pas changé
- Remplacer ses appareils par seule envie de posséder des objets neufs
- Les marques qui multiplient les nouveaux modèles en faisant croire à un grand changement (Opel Corsa)
Les petits prix
À force de rogner sur les prix, la qualité des produits diminue. Le bas de gamme devient monnaie courante dans les rayons des magasins d’électroménager, de bricolage ou d’habillement.
- Les matériaux utilisés sont de basse qualité : des cuves en plastique à la place de l’inox
- L’assemblage des produits est réalisé de telle sorte qu’il met en danger les pièces les plus sensibles (chaleur, chocs, lumière)
- Dès le premier lavage, le vêtement déteint, se déchire ou ternit.
L’usure artificielle
Cette technique, réfutée par les fabricants, pourrait bien constituer, si cela était avéré, la manière la plus grave de pousser le client à une consommation excessive. Certains appareils contiendraient des puces électroniques qui les rendraient obsolètes au bout d’un certain temps.
Exemples d’usures artificielles sur les imprimantes :
- Une puce électronique peut bloquer l’impression au-delà d’un certain nombre de copies.
- Une puce électronique peut signaler la fin d’une cartouche d’encre alors que celle-ci n’est pas réellement vide.
A noter : l’histoire la plus controversée est l’entente des fabricants sur la durée de vie des ampoules électriques (le Cartel Phoebus)
L’évolution des normes
Il existe près de 400 000 normes en Europe. Mais pourquoi les normes feraient-elles acheter ?
Les normes définissent un cadre réglementaire en deçà duquel les usagers prennent un risque. Elles sont donc une protection du consommateur en autant sa sécurité. Sauf qu’un petit changement de la norme et les particuliers et les collectivités passent à la caisse. Tenant non ? Un exemple : les normes de couleur pour les fils électriques
A noter : pour respecter certaines normes, on peut exiger une certification qui prouve la qualité du produit vendu.
L’incitation à consommer moins
Sous prétexte d’acquérir de nouveaux appareils plus respectueux de l’environnement et moins gourmands en énergie, les fabricants vous incitent à vous débarrasser de vos anciens appareils, même si ces derniers ne montrent pas de signe d’usure.
Cependant, si à terme ce renouvellement pourrait effectivement faire réaliser des économies et profiter à l’environnement, dans l’immédiat ces arguments sont faussement bénéfiques à la planète, car le procédé dépense de l’argent public pour les subventions, engendre des déchets pour les appareils qui partent à la case et coûte de l’énergie et de la matière pour la fabrication !